L’art de notre époque semble hésiter entre deux extrêmes. D’un côté, une subjectivité absolue qui fait de la création un sismographe de pulsions presque trop intimes pour être partageables. De l’autre, une suprématie de l’objet que la conscience créatrice cherche à installer en un nouvel ordre des choses.
Lointain semble le temps où un artiste consacrait de nombreuses heures à copier avec humilité les tableaux des maîtres qu’il admirait –pour approcher le secret d’un savoir-faire.
Copier sert l’invention en mettant à sa disposition la maîtrise d’un geste. A l’écart du virtuel fallacieux, de la giclure éclatante et de l’arrangement impersonnel, copier nous parle d’un instant où la main sert le dialogue de l’œil avec ce qu’il n’est pas, dans la mémoire de qui s’y est engagé avant lui.
Voilà ce que Maud Mulliez nous redit.
Christian Monjou (Professeur Henri IV / ENS / chroniqueur Arts Magazine) Texte écrit à l’occasion de l’exposition de copies de novembre 2003, Paris.